PubGazetteHaiti202005

Droits Humains: William O’Neill peint le tableau d’un pays «meurtri par la violence» où tous les droits sont «bafoués»

.

En conférence de presse ce mercredi 28 juin 2023 à l'hotel Karibe, l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, Mr William O'Neill a présenté un tableau sombre de la situation dans le pays. L’expert campe une Haïti « meurtrie par la violence où tous les droits sont bafoués ».

Il est arrivé à la fin de sa mission. L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, Mr William O'Neill pour clôturer sa mission a exposé ce qu’il a vu au pays en matière de droits humains. 

L’expert dit avoir malheureusement retrouvé « un pays meurtri par la violence, la misère, la peur et la souffrance. » « La situation des droits humains est dramatique, tous les droits y sont bafoués », fait remarquer O’Neill qui soutient que les gangs continuent de faire régner la terreur, en particulier dans plus de la moitié de la capitale Port-au-Prince, devenue une zone de non-droit. 


« Les femmes et les jeunes filles continuent de se faire violer par les gangs, souvent collectivement, pour asseoir leur contrôle sur la population. Au-delà de la violence des gangs qui sévit dans la capitale et qui a poussé des dizaines de milliers à se déplacer, les accaparements de terres par des oligarques dans le Nord-Est a aussi chassé des milliers de paysans exposés à la précarité », esquisse-t-il.

Les situations de violence décrites par l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, William O'Neill sont inouïes. Selon lui, l’ampleur de la crise est telle que le soutien adapté et coordonné de la communauté internationale sera fondamental pour accompagner la transition vers une meilleure gouvernance.

« Ainsi, le déploiement d’une force internationale spécialisée aux côtés de la Police Nationale d’Haiti (PNH) est indispensable pour rétablir la liberté de mouvements des populations », estime-t-il.

L’enfer dans les prisons

Durant sa mission, William O'Neill dit avoir été « témoin des conditions de détention inhumaines dans les prisons en Haïti surtout celles à Port-au-Prince et Cap-Haïtien ». Il relate que 219 détenus sont décédés en détention en 2022, principalement en raison de la malnutrition ou par manque d’accès aux médicaments. 

« Les détenus sont entassés dans des cellules exigües, sous une chaleur étouffante, parfois sans accès à l’eau, aux sanitaires, avec une alimentation insuffisante. Ils survivent dans une odeur suffocante provoquée par des monticules de déchets dans la capitale, contribuant à la propagation de maladies, telles que la tuberculose et le choléra », décrit l’expert.

William O’Neill demande aux autorités de s’attaquer à la détention préventive prolongée. Il dénonce des cas étonnants où des personnes incarcérées pour des petits vols.

 

Sytème judiciaire dans l’impasse 

Le diplomate croit que la solution pour la situation dans les prisons haïtiennes passe aussi par un meilleur système judiciaire. Jusqu’à présent, selon O’Neill, le système judiciaire est boiteux et ne répond aux exigences. Pour soutenir son point de vue, il évoque le mouvement populaire Bwa Kale.

« Bwa Kale, le mouvement d’individus qui se font justice à eux-mêmes, de manière organisée ou dans un sursaut de désespoir, est aussi un symptôme de la faillite du système judiciaire. L’histoire a montré que la justice populaire et ses nombreuses dérives n’avaient jamais permis de résoudre la violence », soutient l’expert indépendant.

Par ailleurs, William O’Neil a demandé que les personnalités sanctionnées par le Canada et les USA soient traduites par devant la justice haïtienne. « La transparence de l’information, y compris des comptes publics, est un prérequis essentiel pour lutter contre la corruption. L’effort d’assainissement du service public et de reddition de comptes doit être accompagné d’un cadre juridique permettant un accès à l’information sans entrave », dit-il.


Malgré ce sombre tableau, William O’Neil croit qu’il y a de l’espoir que des signes prometteurs voient le jour. Il dit avoir noté les avancées obtenues par le nouveau Commissaire du gouvernement de Port-au-Prince « qui a suivi de près de nombreux dossiers et qui s’est engagé personnellement à rendre des comptes périodiquement sur les progrès réalisés. »


William O’Neil a déjà travaillé pendant plusieurs années en Haïti, notamment au sein de la Mission civile internationale en Haiti (MICIVIH) et de la société civile. Il a contribué en 1995, à mettre en place la Police Nationale d’Haïti (PNH), ainsi que l’Ecole de la magistrature. L’expert juge qu’il est beaucoup plus difficile pour lui de travailler dans ce moment de crise actuelle que lors de l’administration de Jean Bertrand Aristide.

 

 

 

Par: Daniel Zéphyr

Category

Politique

Culture

Economie

Sport