PubGazetteHaiti202005

«C’est la présidence tournante qui est en jeu»: Smith Augustin dénonce les manœuvres obscures entourant le dossier de la BNC

Smith Augustin

Lors de son intervention à l’émission « Le Rendez-vous avec Volcy Assad » ce mercredi 31 juillet, le Conseiller-Président Smith Augustin a vigoureusement rejeté les accusations de corruption portées contre lui dans le cadre du dossier de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Augustin, convaincu que le Président de la BNC n’a pas les moyens de mobiliser une telle machine de destruction, pointe du doigt des secteurs opposés à la présidence tournante.

L’affaire de corruption soulevée par le Président de la BNC reste sur toutes les lèvres. Sur le plateau de « Le Rendez-vous avec Volcy Assad », Smith Augustin a tenu à livrer sa version des faits. Sans détour, Smith Augustin admet avoir rencontré le Président de la BNC, mais souligne que lors de ces rencontres, il n’a jamais été question d’argent pour le maintenir en poste. 


Augustin ajoute que, pour être candidat au conseil d’administration de la BNC et même devenir président, il faut que « votre dossier soit étudié. C’est à partir de cela que le processus de sélection est réalisé », précise-t-il.

Dans une lettre adressée au Premier Ministre Garry Conille, le Président de la BNC, Raoul Pierre Louis, a déclaré qu’il avait été «approché par des Conseillers présidentiels, Messieurs Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, qui ont exigé un paiement de 100 millions de gourdes pour conserver mon poste de Président de la Banque Nationale de Crédit».

«Cette demande, que je perçois comme une forme de corruption, menace non seulement mon intégrité professionnelle mais pose également un risque sécuritaire grave pour ma famille et moi-même. Devenu cible de ces individus, nous sommes exposés à des menaces d’attaques potentielles. Face à cette urgence, je sollicite une intervention rapide de votre part afin de renforcer notre sécurité et de permettre la continuation de mes fonctions dans un environnement sécurisé et sans pression indue», a-t-il poursuivi.

Cependant, selon Smith Augustin, cette lettre est une version corrigée, car il est mentionné en bas de page: «Cette lettre remplace celle arrivée hier ayant pour accusé réception le No. 03495». Augustin estime qu’il serait crucial de dévoiler le contenu de la première lettre.

 

Dans les coulisses

 

Smith Augustin affirme avoir rencontré Raoul Pierre Louis pour la première fois grâce à Louis Gérald Gilles, qui le présentait comme un ami. «Nous nous sommes même taquinés sur notre taille et le fait d’être tous deux chauves», rapporte Augustin, ajoutant que M. Pierre Louis avait indiqué être heureux de les rencontrer.

D’après Augustin, le Président de la BNC a invité Louis Gérald Gilles chez lui pour un dîner, car ce dernier est un ami de la famille et sa femme ne l’avait pas vu depuis un certain temps. L’invitation a eu lieu un dimanche, et aucun sujet de pots-de-vin n’a été discuté, selon Augustin.

Sonnet Saint-Louis rapporte que Aviol Fleurant avait indiqué qu’il a discuté avec Augustin et confirmé que la rencontre a eu lieu et que de l’argent a été exigé.  Augustin confirme avoir discuté avec Fleurant, qu’il considère comme un ami, mais nie lui avoir dit que l’ancien sénateur avait exigé les 100 millions de gourdes.


«Il n’est pas seul  »

Smith Augustin croit que Raoul Pierre Louis n’agit pas seul. «Je ne pense pas qu’il ait les moyens de mobiliser une telle force médiatique sur les réseaux sociaux pour nous attaquer», affirme le sociologue, persuadé qu’il y a des «mains cachées».


Selon l’ex ambassadeur d’Haïti en République dominicaine, il existe une volonté manifeste de déstabiliser le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et de discréditer moralement les trois conseillers présidentiels de la coalition ayant formé le bloc majoritaire indissoluble, désormais dissous. «Nous ne sommes plus majoritaires, mais nous restons soudés», reconnaît le Conseiller-Président.

 

Lâché par des camarades

 

Smith Augustin a dû  se battre  après avoir été abandonné par des cadres du parti politique EDE. Ces derniers se sont désolidarisés de lui, exigeant son retrait par le secrétariat général, qui a refusé en invoquant le principe de la présomption d’innocence.

«Lundi, à mon retour, j’ai rencontré ces cadres et leur ai clairement exprimé mon malaise face à leur démarche», rapporte Augustin. Il souligne qu’à la fin de la réunion, les cadres lui ont renouvelé leur soutien, tout comme RED et Compromis Historique. «Ils ont convenu de me laisser défendre mon honneur», dit-il.

Des voix se sont élevées après la révélation de ces allégations de corruption. Des organisations de défense des droits humains ont demandé le retrait des conseillers présidentiels impliqués. «Qu’en est-il de la présomption d’innocence?», se demande Smith Augustin, qui souhaite que les principes de droit soient respectés.

Il rappelle que les Conseillers Présidentiels bénéficient d’un privilège de juridiction et que, par conséquent, l’ULCC n’est pas compétente pour entendre un Président. «Mais nous ne nous cacherons pas», affirme Augustin, réaffirmant que les détracteurs ne pourront pas déstabiliser le CPT «sur la base d’allégations sans preuve».

«Il serait trop facile qu’on vous accuse de quelque chose sans preuve et demande votre retrait», estime Augustin, précisant que son cabinet juridique va sommer le Président de la BNC et qu’il pourrait être poursuivi pour diffamation. «Nous n’allons pas céder à la facilité, garantit-il. C’est la présidence tournante qui est en jeu. Il y a des personnes qui ont des intérêts», accuse-t-il.

Le représentant de EDE/RED/Compromis Historique au sein du Conseil Présidentiel de Transition est déterminé à aller jusqu’au bout. Toutefois, il est certain que cette affaire soit résolue avant qu’il ne prenne les rênes du CPT. «Cela ne peut pas durer deux mois. Il ne s’est pas présenté hier (mardi) à l’ULCC. Il ne pourra pas reporter indéfiniment», indique Smith Augustin.

Quant à savoir s’il se rendra à l’ULCC s’il est convoqué, Smith Augustin répond par la négative, estimant que la loi confère un privilège de juridiction aux Présidents.

Le dossier continue de faire la une des journaux. Les Conseillers Présidentiels impliqués persistent à clamer leur innocence.

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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